Les VRAIS besoins des LGBT africains – Recto Verso

29 avril 2015

Les VRAIS besoins des LGBT africains – Recto Verso

Un ami très cher a pris la clé des champs il y a quelque jours à l’occasion d’une énième formation a laquelle il prenait par en Europe. Et forcement, c’est le scandale dans son association mère. Mon ami a carrément dit qu’il leur a fait ça dur, sans vaseline. Tiens, pourquoi toujours ce rapport entre le viol et une action d’éclat? Bref.

Bien que je l’aurais fait différemment (tout est dans la manière), je comprends parfaitement son acte et le respecte. Nous venons sur terre en détail (dicton africain).

Je disais dans le dernier billet ici que le business de l’homosexualité profite a tous sauf aux homosexuels. Ma nouvelle amie ( 🙂 ) me disait encore récemment qu’un « un frère » vivant « la-bas » qui lui faisait la cour lui a confié qu’il avait composé ses dossiers en tant qu’homosexuel et que ses frères en instance de départ feraient la même chose une fois « là-bas ». No comment!

Pour en revenir a mon ami, je disais donc que je comprends parfaitement son acte et je pense qu’il est temps pour nos chères ONG internationales et partenaires de repenser leur soutien/politique à l’égard des LGBT africains. Je parle pour ce que je connais.

En près de 10 ans de militantisme, je n’ai suivi que des formations. La seule chose qui changeait, c’était la dénomination de l’ONG animatrice, son siège social et le montant des frais de missions du représentant. Les perdiems (moins de 30 euros) et les modules restaient essentiellement fixes : Sécurité – Documentation – Reportage (SDR) et la « notion de Genre » à toutes les sauces. Tellement de définitions que je ne sais même plus laquelle garder. Tellement de formations que si les blocs notes et les stylos + photos distribués rendaient riches, j’aurais déjà acquis l’hectare de terrain après lequel je cours pour cultiver mes ignames et mes plantains et manger a ma faim. De la paperasse, la seule plus value de vos nombreuses missions en Afrique, brûlée après votre départ.

Vos perdiems ne servent même pas à payer de simples factures électricité et vos sempiternelles formations sur le droit et l’expression de genre ne changent rien à notre condition si ce n’est l’empirer. Que reste-t’il donc?

Votre indignation lorsque nous sommes victimes d’homophobie? Les plus belles oraisons funèbres ne changent rien au destin d’un défunt. Les plus belles affiches ne changent rien aux 6 pieds sous lesquels il repose. C’est vivant qu’il faut aider.

Et nos besoins ne sont pas différents des besoins de la population : un toit sous lequel dormir, un plat pour se nourrir et un dispositif pour s’instruire et se protéger contre les violations. Chez vous vous avez des refuges pour les victimes d’homophobie (réels ou fictifs). Vous les aidez à prendre un nouveau départ…. pourquoi ne faites-vous pas autant en Afrique?

Parce que les lois doivent changer? D’accord.

Mais comment pourraient-elles changer si les bénéficiaires de vos formations ne sont pas capables de retransmettre convenablement ce qu’ils ont appris à leurs pairs? Comment pourraient-elles changer lorsque de nombreux LGBT sont sous instruits et ne peuvent prétendre à rien de mieux que des sous-métiers? Comment pourraient-elles changer alors que vous venez de « la-bas » dire ce qui se passe « ici » alors que nous devons y aller ensemble, mains dans la mains pour contextualiser le problème?

De nombreux militants abandonnent la cause car ça ne leur rajoute que des soucis. Sans aucune espèce de gratification et je ne parle pas de finances ici.

En Afrique, le Gay n’est pas pauvre. Si vous ne pouvez le rendre riche, faites l’effort de ne pas alourdir le poids de son joug. Car nous avons besoin de formation oui. Non celles focalisées sur le genre, ses identités et ses expressions à n’en plus finir mais celles qui vont dans le sens de l’autonomisation et l’Empowerment.

Miaouuu!

PS : Mon blog est finaliste des BOBS. Vous pouvez voter jusqu’au 3 mai 2015 à ce lien.

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