RectoVerso

Cher lecteur – Recto Verso

Cher lecteur, un mois après le lancement de mon blog et 2 articles plus tard, je décide de passer aux choses vraies et sérieuses. Non que celles dont on a parlé ne l’étaient pas. Je décide juste parler de ce que je suis et ce qui me concerne. Ma condition de femme, noire et homosexuelle.

J’ai fait le tour de la toile et difficile de trouver un blog tenu par une femme noire. Ce sont toutes des blanches. Sans aucune pensée « difficile » juste qu’on a l’impression que lhomosexualité féminine n’existe pas en Afrique noire. Et pourtant.

Lesbian Love
Copyrights Zanele Muholi

Je parlerai des lois, des conditions de vie, de nos rencontres, nos amours, nos déceptions, nos peurs, nos aspirations et tout ce qui a trait à l’homosexualité dans mon continent, l’Afrique.

Loin de moi l’idée d’experte. Je vais juste laisser parler mon âme car j’ai lu un jour : « écrire c’est coucher sur le papier ses plus grandes craintes ».

A bientôt, pour les aventures impossibles de la Goudou.


Ce vocabulaire LGBTI que vous devez connaître. – Recto Verso

Que vous soyez gay, gay-friendly, homophobe ou neutre, il est des expressions que vous devez connaitre. Au moins pour avoir l’air intelligent s’il vous arrivait d’en parler mais surtout pour qu’on soit sur la même longue d’onde à chaque fois que vous ferez un tour dans ce blog. Elles font partie du vocabulaire LGBTI.

Logo LGBTI                                                                                                (c) le site

Orientation sexuelle (à retenir!!!). Se réfère à l’intérêt ou l’attirance sexuelle ET émotionnelle d’un individu portée soit sur les personnes opposées (bisexuel), de même sexe (homosexuelle) ou des 2 sexes (bisexuel). Elle a une notion d’auto-identification et non d’indexation. 

L comme Lesbienne. Ses synonymes gouine, goudou, brouteuse, butch. C’est une femme qui éprouve une attirance émotionnelle ET sexuelle pour une autre femme. Elle s’affirme et s’identifie comme tel.

Art work of Zanele Muholi                                                                                      (c) Zanele-Muholi

G comme Gay. Synonyme : pédé, tapette. C’est un homme qui ont a attirance sexuelle ET émotionnelle pour un autre homme. C’est un terme qui renferme également une notion d’auto-identification. On s’en sert la plupart du temps pour désigner TOUTE la communauté LGBT.

Braden Summers                                                                                      (c) Braden Summers

B comme Bisexuel. Synonyme : recto-verso (tiens) . Il désigne toute personne sexuellement et émotionnellement attirée par les individus des deux sexes. Celui-ci est TRES difficile à distinguer car à l’aise sur tous les tableaux.

Bisexual image                                                                                                (c) Ministère de l’intérieur italien

T comme Transsexuel ou transgenre. Le transsexuel désigne toute personne qui vit un conflit entre son sexe biologique et son identité de genre.

Transgenre, terme générique pour désigner les personnes dont l’identité de genre ou son expression est différente du sexe qu’ils ont acquis à la naissance. Les trans peuvent se définir du féminin au masculin ou inversement Elles peuvent choisir de modifier (ou non) leur corps à travers les hormones et la chirurgie.

NB : Transgenre et transsexuels ne sont pas une orientation sexuelle. Les trans peuvent être hétéro, homo ou bi.

I comme Intersexuel : Synonyme : « hermaphrodite ». C’est un individu né avec les caractéristiques anatomiques (parties génitales, organes reproducteurs) qui ne cadrent pas avec la définition typique du masculin ou du féminin.

Il est souvent difficile de choisir le sexe à garder à la naissance. L’individu pouvant en grandissant développer des caractères sexuels secondaires différent du sexe gardé. Il est donc conseillé au parent de laisser l’enfant grandir et en fonction de l’évolution, faire le choix de l’un ou l’autre sexe ;

Q comme Queer : regroupe les individus qui rejettent les normes et orientations sexuelles préalablement établies ; hétérosexuelles ou homosexuelles.

A côté, nous avons des expressions collatérales qu’il convient de retenir.

WSW pour Women have sex with woman. Une femme qui a des relations sexuelles avec une femme sans pour autant s’identifier comme gouine ou ressentir une attirance pour les femmes.

MSM pour Men have sex with men. C’est un homme qui a des relations sexuelles avec des hommes sans s’identifier comme gay ou ressentir une attirance pour les hommes.

Travesti : Personne qui choisit raisonnablement d’arborer des vêtements conventionnellement associés au sexe opposé. Elles peuvent (ou pas) adopter une autre identité de genre et une orientation sexuelle différente.

A bientôt pour une nouvelle immersion.

Miaou…


Je suis gay et non MSM! – Recto Verso

Les noirs africains ont trouvé en l’homosexualité le bouc émissaire pour traduire tous les maux sociaux qui accablent leurs sociétés respectives. Elle entraînerait le sous-développement et serait la cause de leur retard. Les sodomisés attitrés et les sodomiseurs sont tous incompétents, ceux qui ont un peu de matière grise se refusant de se livrer à de telles pratiques.

Vu sous cet angle, l’homosexualité mériterait en effet d’être bannie. Et je m’alignerai s’il n’y régnait pas cette confusion connaissable non connaissante marquée par le fait que l’africain ne retient de l’homosexualité qu’une image stéréotypée. Image brassée par l’ignorance et le rejet de tout ce que l’on ne comprend pas, tout ce dont on n’a pas envie d’entendre, tout ce dont on n’a pas la capacité intelligible de saisir, parce qu’on a peur de découvrir au final que l’on est aussi comme ça, homosexuel et que l’ordre sacrophallique des choses soit renversé.

Par sexualités de manière générale, il faut entendre les orientations sexuelles que l’on peut observer chez les individus. L’orientation sexuelle sera définie en fonction de l’attrait érotique que l’individu ressent envers des personnes. Homosexuelle, elle désignera l’attrait dirigé vers les personnes du même sexe. Elle sera hétérosexuelle quand cet attrait est orienté vers les personnes de l’autre sexe et bisexuelle lorsque l’attrait est tourné vers les personnes des deux sexes.

L’homosexualité va donc désigner l’orientation sexuelle chez un individu ayant une attirance explicite ou non pour les personnes de son sexe, et qui après une série d’étapes psychosociologiques, est parvenu à la reconnaissance, à l’acceptation et à l’intégration progressive d’une identité dite homosexuelle. Cette orientation va aboutir par la suite à une relation sexuelle avec l’objet désiré si l’occasion, les conditions et le cadre s’y prêtent.

Pour qu’un individu soit qualifié d’homosexuel ou défini comme tel, il faut qu’il soit conscient de son orientation sexuelle, qu’il reconnaisse et qu’il intègre son identité homosexuelle ce, quelle qu’en soit la durée, et enfin –mais pas nécessairement- il peut avoir des relations sexuelles avec des individus de son sexe après consentement mutuel. L’homosexualité est d’abord un état, marqué par une certaine identité, qui peut entraîner par la suite une pratique sexuelle, mais pas de manière systématique.

Autrement on parle de pseudo- homosexualité ou d’homosexualité situationnelle donc de MSM (Men which have sex with men ou HSH (Hommes qui ont des relations sexuelles avec des Hommes)) contre rémunération ou par déni de son orientation sexuelle réelle. C’est cette « homosexualité » que le noir africain voue aux gémonies car c’est l’image qui lui a été donné par sa presse ignoramment savante. C’est en son nom que bon nombre de nos frères sont lapidés.

S’il y a des donc individus qui ont choisi d’‘outiliser’ leur orientation sexuelle non exclusivement homosexuelle (« promotions canapé ») pour subordonner d’autres, il ne faudrait en aucun cas et d’aucune manière les assimiler aux émotions partagées entre deux individus dont la seule différence réside dans le sexe de l’être aimé. Car un couple gay (LBGTI), pour ceux que j’ai connu de part l’Afrique, c’est deux êtres partageant leur quotidien fait de hauts et de bas comme toute relation de couple.

C’est pour eux, les « VRAIS » gays dont chacun d’entre nous a au moins un pour ami (connu ou ignoré) qu’il faut stopper la bêtise nommée « Homophobie ».

Miaou…

PS : Billet réalisé avec l’appui de la communication du sociologue Charles Guéboguo in, il était une fois… l’Homosexualité contée aux journalistes camerounais, 24 février 2006.

 


Tout ce qui est queer n’est pas gay – Recto Verso

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Il y a quelques jours, je recevais une demande d’amis sur un de mes nombreux profils sur les réseaux sociaux. Toujours séparer ses deux vies. On ne sait jamais.

Les premiers échanges furent polis. Les suivants sont à l’origine de ce billet.

–       Tu vis où ?

–       En Afrique (je tairai le pays).

–       Je salue ton courage.

–       Pourquoi ?

–       Parce qu’oser s’habiller ainsi, avec tout ce qui se passe là-bas, il faut vraiment être culotté.

–       Tu es gay ?

–       Non.

–       Pourquoi tu penses que moi je le suis ?

–       Heu… rien. En fait, juste que ton accoutrement.

–       Et c’est tout ?

–       Oui.

Premier éclat de rire, second et puis une longue série. A gorge déployée. Les collègues se sont inquiétés. Mais ils doivent avoir pris l’habitude tant les éclats de rire fusent une fois assis devant l’écran de mon ordinateur.

Je n’en revenais pas. Ce n’est toujours pas le cas. Ce qui m’a amené à constater la psychose qui règne dans l’esprit de tout Noir. Africain. Pour peu que tu sortes de l’ordinaire, pour peu que tu sois « innéement » différent des autres, on te colle une étiquette. Tu ne peux pas aimer pantalon. Tu as quelque chose à cacher. Tu ne peux pas avoir des ongles courts, tu aimes les femmes. Tu ne peux pas boire Baileys, tu es gay.

Hé bien sachons que Queer est une expression anglaise signifiant étrange, peu commun. Un Queer peut se reconnaître à son accoutrement ou à son état d’esprit. Des individus (comme moi) l’utilisent souvent pour se définir lorsqu’ils ne se reconnaissent pas dans le modèle sexuel érigé par la société.

Il y a une expression qui aide largement à le comprendre : l’Expression de genre.

C’est un terme qui « se réfère aux expressions à travers l’habillement ou le sentiment intérieur d’auto-identification et de conscience de soi qui manifeste le sens fondamental de la personne en tant que masculin ou féminin et homme ou femme ».

Tout ce français pompeux pour dire qu’un homme pour se vêtir et se comporter comme une femme sans forcément être gay. Tout comme une femme peut aimer se vêtir en homme ou avoir leur caractère et préférer la courge aux haricots. J’en connais plusieurs autour de moi. Chacun d’entre nous en connait. Aux Etats-Unis on parle de cross-dressing. En français, on pourrait parer de travesti.

Parce que le gay lui, a une attirance physique, sexuelle ET EMOTIONNELLE pour une personne de son sexe. Gay englobant ici toute la communauté LGBTI. Vous conviendrez avec moi que l’attirance relève de l’abstrait et non du concret. Et être gay, ou se reconnaître comme tel a une dimension d’auto-identification. Difficile donc d’indexer quiconque sous le prétexte fallacieux qu’il est efféminé/masculinisé tant qu’il ne s’identifie pas personnellement comme tel.

Donc lorsque vous verrez un « Queer », cherchez d’autres détails (fournis pas l’individu) avant de conclure que c’est un (e) gay.

Miaou…