RectoVerso

Happy New Year 2016

Hello Reople,

Je me plie à la coutume et vous adresse mes voeux les plus sincères de joie, santé, amour, succès longévité et bien au-delà de vos espérances pour la nouvelle année.

Que 2016 soit une année d’action.

2016

 

Dans mon univers, je nous invite à plus d’ouverture et de tolérance afin que le débat passe de la « bestialité » à « l’humanité ». Que nous brisions les barrières érigées par notre culture et nous apprenions à vivre avec notre époque.

Happy New Year
Happy New Year


J’ai regardé Elena Undone

Bonjour les gens! Ceux qui me lisent toujours et ceux qui arrivent ici par hasard. Comment allez-vous? Je suis toujours piétonne, n’empêche, je garde la forme.

Mon prochain billet n’était pas censé parler de ce que vous vous apprêtez à lire. Cependant, il se trouve qu’hier, prise d’un violent coup de blues, je me suis retrouvée à regarder pour la énième fois « Elena Undone« . C’est l’un de ces films incontournables de la « MUST WATCH list » de toute lesbienne qui se respecte. Et célibat aidant, je l’ai regardé seule (donc sans distraction). J’ai donc eu tout le loisir d’analyser le personnage d’Elena sous toutes les coutures.

Elena Undone
Elena Undone Cover by IMDB

Tiré d’une histoire vraie (Dieu seul tient le décompte), le film met en scène le personnage d’Elena. Femme de pasteur – ce dernier fervent militant contre le mariage de même sexe et critiquant les gays – et tranquille mère de famille dont la vie va irrémédiablement basculer suite à sa rencontre avec Peyton, une auteure lesbienne au détour d’une exposition. La suite se regarde.

Ce que j’aimerais souligner ici, c’est l’égoïsme (et je pèse mes mots) dont nous lesbiennes faisons souvent preuve.

Sur les sites de rencontre, vous lirez souvent « lesbiennes uniquement, pas de bi« . Et même au hasard d’un coup de foudre, lorsqu’on découvre la bisexualité de nos copines, la relation se transforme la plupart du temps en un chantage digne des plus grands maîtres dans l’art.

Au regard donc d’Elena Undone, j’aimerais inviter à mes soeurs de déplacer leur regard, de leur nombril à leur partenaire et se mettre deux minutes à leur place.

Elena in love on Vimeo
Elena in love on Vimeo

Vous êtes sans situation fixe (en Afrique on se connait en détail) , votre bonne étoile conduit vos pas sur le chemin d’une Femme (notez le F) qui non seulement vous aime/désire (ses actes souvent insensés le prouvent) mais est prête à vous aider à sortir de votre impasse sociale. Votre seule réponse c’est « QUITTE-LE »?

Ça commence souvent par des petites questions anodines: comment va mon rival (tu as doté la femme?)?; qui se font plus intimes: tu l’as vu cette semaine (pour le cas ou les partenaires ne vivent pas sous le meme toit)?; plus impertinentes (combien de fois vous avez b***** cette semaine?; avant de se transformer en véto si la réponse a le malheur d’être positive: je ne veux plus que tu continues à le voir. Toi qui? Sa famille te connait? Tu t’es présentée? D’aucunes vont souvent jusqu’à envoyer des lettres aux fiancés/maris de leurs compagnes parce que cette dernière ne va pas assez vite à leur goût. Et ce, assez souvent, même pas après un mois de galipettes.

J’ai senti la bile monter hier lorsque Peyton dis à Elena qu’elles ne veut plus la voir parce qu’elle ne supporte plus la situation. Situation qu’elle a pourtant trouvée. Sans égards ni considération pour Elena qui se retrouve donc seule à faire face au remu-ménage causé par Peyton sans le soutien de cette dernière. Machiavélique!!!

Elena Undone séparation by fanpop
Elena Undone séparation by fanpop

Non mais… soyons sérieuses deux secondes: avant de vous rencontrer, sa vie était un long fleuve tranquille. Ennuyeux et barbant certes, mais tranquille. Non seulement vous y semez le chaos mais en plus vous lui imposez des délais pour en sortir. Vous croyez que la monogamie à durée limitée propre aux gays est pareille chez les hétéros?… WHAT THE HELL!!! Qui vous apprend ça? Parce que vous lui avez procuré son premier orgasme, vous vous croyez subitement investie d’un pouvoir de nuisance? 💁💁💁💁💁

Elena Undone by pejino
Elena Undone by pejino

Je ne parle pas de vendre son âme pour rester avec elle. Non. Mais je parle d’agir en ayant vos intérêts communs en tête. Vous l’avez rencontrée elle était mariée (en couple ou tout ce que vous voulez). Je reconnais certaines sont mythomanes (genre « il n’y a plus rien entre nous », « je l’ai seulement pour ma couverture » et j’en passe pourtant elles grimpe aux rideaux tous les jours de la semaine…) mais… si ça ne vous convient pas/plus…ARRETEZ et PARTEZ!!!

Si elle vous aime vraiment elle vous suivra, même si pour cela il faudrait  avoir de serieux arguments; arguments mis ici pour vision; une vision dans laquelle elle pourra se projeter (or la majorité d’entre nous n’offrent qu’instabilité et insécurité. On ne vit pas de sexe et d’eau fraiche). Mais de grace, arrêtons d’être aussi mesquines et méchantes. La terre ne tourne pas autour de nous et la dernière fois j’ai checké, une relation ca se vit à deux.

Elena undone by mubi
Elena undone by mubi

Et compte tenu du climat actuel en Afrique,  tres peu de femmes quitteront le confort de leur relation hétérosexuelle pour l’insécurité d’une relation homosexuelle.

Mais bon. Ça m’est arrivé deux fois. C’est tout le mal que je vous souhaite. Mais pour cela, apprenons à déplacer nos regards de nos nombrils à nos partenaires.

Miaouuu…


Je suis lesbienne et je me protège

Hier, la communauté a perdu un de ses membres. Une sœur. Des suites de maladie. Si le choc de son décès est brutal (personne ne l’avait vu venir), les causes le sont encore plus. Après recoupage, le VIH en serait la cause
Et comme nombre de mes amies qui n’ont jamais pensé à se protéger dans leurs relations, vous vous demandez sûrement comment une lesbienne peut-elle être infectée au cours d’une relation sexuelle avec une autre femme. Hé bien je me permets d’affirmer que non seulement c’est possible, mais que pour la seule année 2014, le sol s’est refermé sur les corps de 4 lesbiennes au Cameroun. Cas recensés par l’une de mes associations partenaires.

Sida par
Sida par enfoqueradio


Je vous le disais dans l’un de mes premiers billets, être gay en Afrique n’est pas de tout repos. Nombreuses sont celles (Yossi/Koudje en majorité) qui vont mener une double vie, pour tenter d’endiguer le flot de malédictions et éloigner les soupçons. Elles vont avoir un mec qui va assurer la couverture (souvent contre récompense en nature) dans l’ignorance totale des mesures de protection à prendre. Lorsque la chance vous abandonne, les IST et le VIH vous ouvrent leurs portes. Elles feront un test au cours d’une campagne de dépistage, seront au courant de leur statut mais 90 % préféreront le déni, voire l’accusation envers l’association pour contamination par aiguille. Elles continueront à mener leur vie (et relations sexuelles) jusqu’au jour apparaîtront les premiers signes de complication liés à l’infection. Le VIH étant encore considéré par plusieurs comme une invention, l’automédication, le guérisseur du village seront privilégiés au détriment des ARV qui à défaut de soigner entretiennent l’espoir d’un possible futur.
Aux obsèques, on dira courte maladie sans savoir qu’elle aura été bien plus longue. Vu que la défunte ne se plaignait sporadiquement que de typhoïde ou de gastro. La partenaire ne songera pas un seul instant à se faire dépister et le cycle de contamination ira grandissant.

Juste à titre de rappel, dans ce contexte précis, le VIH/IST se transmet par voie sanguine (transfusion, partages de seringues, règles…), lors des rapports sexuels non protégés (pénétration et sécrétions comprises) avec une personne infectée.
Vu que la majorité des lesbiennes s’est retrouvée/se retrouvera au moins dans une situation à risque, je vous propose ces méthodes qui marchent toujours pour moi.

1. Le statut sérologique
Se faire dépister tous les trois à six mois. Hétéro ou homo, connaître son statut sérologique pour une prise en charge précoce est le meilleur moyen de ralentir la multiplication du virus dans votre organisme. Le test et la prise en charge sont gratuits dans les centres de santé LGBT.

HIV test
HIV test via sinsita

2. Les rapports sexuels
– Éviter de se brosser les dents 2-3 h avant ET après tout mélange de fluides. La brosse à dents laisse des micro-lésions dans la bouche, excellente porte d’entrée pour les virus.
– Utiliser systématiquement un préservatif, surtout lors des coups d’un soir. Les liquides sécrétés par les organes génitaux (liquide préséminal/sécrétions vaginales) contiennent le virus. Enfiler également un préservatif avant toute pénétration digitale (anale ou vaginale). Si vous n’en avez pas, achetez des gants en latex. Ils feront l’affaire.
– Utiliser une digue dentaire/carré de latex pour toute pratique sexuelle buccogénitale féminine. En cas d’absence/rareté, découper un préservatif masculin/féminin avec des ciseaux en forme de carré et le déposer sur la vulve.
– Éviter TOUT échange de jouets sexuels (godemichés et compagnie) avec ses amis et surtout, les protéger avant toute utilisation.
– Utiliser un lubrifiant à base d’eau ou de silicone pour éviter irritations et lésions sur les parties génitales lors des pénétrations.

Digue dentaire (c)  getsomecondoms
Digue dentaire (c) getsomecondoms

3. Le quotidien
Fréquentez régulièrement les associations LGBT ou des centres de santé. Ils tiennent habituellement des causeries éducatives sur la santé sexuelle.
Faites votre checking au moins une fois l’an à défaut des six mois. Cela vous épargnera des surprises désagréables.

Pour approfondir votre lecture, je vous propose la brochure « Tomber la culotte » du Kiosque Infos Sida et Sida Info Service. Elle vous donne les connaissances minimales sur les femmes qui ont des relations sexuelles avec des femmes (FSF). Le rapport de Qayn « Au-delà des apparences » expose les besoins en santé sexuelle des FSF en Afrique subsaharienne francophone.
Cet article sur les risques de transmission du VIH chez les femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes et cet autre retrouvé chez Yagg ne seront pas de trop.

Miaouuu!


Je suis lesbienne et je m’intègre

Coucou.
Je m’excuse pour le retard accusé par ce billet. Imputable au sujet ce billet d’ailleurs. Je m’excuse également auprès des miens. Ce sujet fait TOUJOURS l’objet des discussions qui se terminent la plupart du temps en queue de poisson. Ceci étant dit…

Il y a une semaine environ, j’ai eu envie d’aller prendre un pot avec des amies. Le genre de pot où tu as vraiment envie de t’éclater après une semaine chargée comme wôrô-wôrô sur autoroute.
L’une d’entre elles me dit qu’elle sera accompagnée. Aucun problème lui réponds-je. « Plus on est fous, plus on s’amuse », dit le dicton.
À l’heure du crime, nous nous rejoignons à quelques mètres du snack ciblé par mes complices, histoire d’élaborer un scénario (consommation, conduite, restrictions) pour la soirée.
Ma première impression sur la « compagnie » de ma pote n’est pas bonne. Surtout pour le lieu choisi. Sentiment confirmé lorsque l’on se fait refouler à la porte du snack pourtant vide à travers les vitres fumées. Insolite. Cela ne m’était JAMAIS arrivé.
En réponse au V formé par mes sourcils, le portier dirige son regard vers l’amie de ma pote et nous répond: « Vous n’êtes pas en règle Madame. »
Histoire de vous mettre en contexte : comment peut-on se vêtir d’un jean taille genou dévoilant un short délabré surmonté d’un teeshirt qui semble avoir été ramassé dans la première friperie pour se rendre dans un lieu à l’enseigne duquel il est clairement marqué « chic »? Si on n’a pas les moyens, faut dormir. La vie du dehors c’est pas pour rienneuses.

Sauf que comme pour beaucoup, la raison est ailleurs.

– Tu vas à la carrière ?

– Non.

– Pourquoi es-tu ainsi vêtue ?

– Parce que je suis Yossi.

– Et…?

C’est comme ça on porte non.

Ok mais tout le temps ? N’est-ce pas souvent dans un cadre précis ?

Il faut que je passe sur le marché tantine.

Le seul marché sur lequel tu passeras, c’est sur celui des clichés et de la stigmatisation ai-je eu envie de lui répondre. Il y a certaines qui se plaisent à ce look. Chacun ses choix. Raison pour laquelle mon billet s’adresse à celles/ceux qui découvrent leur homosexualité. Il y a de nombreuses questions auxquelles j’aurais aimé moi avoir des réponses.

Il n’existe pas une seule gay attitude et surtout, vous n’avez pas besoin d’afficher votre orientation certainement pas par mimétisme et encore moins par ignorance. Pas au XXIe siècle. Je le disais encore dans ce billet. Et ce n’est pas une question de Yossi/Butch vs Feminines.

Mais pour ce faire, il est important de comprendre certaines notions élémentaires.

1. Chacun des états dans lesquels nous vivons est régi par des lois sur l’homosexualité

Au Burundi, une loi du 22 avril 2009 sanctionne l’homosexualité de deux ans d’emprisonnement. Au Tchad, l’article 361 bis du projet de nouveau Code pénal pénalise l’homosexualité de peines pouvant aller jusqu’à 20 ans. En Gambie, en 2014, une loi a considérablement renforcé les peines sanctionnant l’homosexualité avec l’emprisonnement à perpétuité. Au Nigeria, la loi du 14 janvier 2013 interdit « les unions homosexuelles et sanctionne toute personne qui participe à des sociétés ou organisations pour personnes homosexuelles ». En Ethiopie, les relations homosexuelles sont punies d’une peine de 15 ans d’emprisonnement. Au Libéria, un amendement constitutionnel adopté en 2012 interdit constitutionnellement le mariage de personnes de même sexe. Au Cameroun, l’homosexualité est passible de six mois a cinq ans d’emprisonnement via l’article 347 bis du Code Pénal. Des propositions de loi sont en étude au Au Burkina Faso (13 février 2015), en République démocratique du Congo (décembre 2013). – Cf Cartographie juridique de la situation des personnes LGBTIQ en Afrique de l’Ouest francophone.)

Laissons administrateurs et avocats discuter de la légitimité de ces articles et des vices de forme propres aux arrestations. En attendant, il ne sert a rien de se mettre inconsciemment en danger sous le prétexte qu’on est minoritaire.

2. Les milieux sociaux que nous fréquentons ont des codes de conduite garantissant (ou non) le bien de tous

Si le propriétaire d’un snack (exemple parmi tant d’autres) demande de se conformer a un dress-code, faites-le. Ce n’est pas un complot contre vous (nous). C’est la règle de l’établissement. Quand bien même ces règles auraient été rédigées à notre encontre, conformons nous d’abord avant de réclamer de possibles améliorations/changements. Nous minorités, avons souvent le don de piétiner les règles et crier après plus que les pleureuses aux veillées mortuaires toute forme de harcèlement/violation/stigmatisation .

Photo cc Oeil d'Afrique
Yossi propre sur lui (c) Oeil d’Afrique

Ne confondez pas mon propos. Je ne dis pas de cacher ce que l’on est. Mais d’être soi tout en respectant les règles en vigueur dans nos pays. Les centres LGBT des différents pays tiennent des causeries éducatives à ce sujet au moins une fois par mois.

Etre gay / lesbienne… c’est comme posséder une voiture et la conduire sur une autoroute. Tant que chacun respecte le code de la route, personne ne viendra le cogner (en principe). L’autoroute, c’est la société dans laquelle nous vivons. La voiture, c’est notre orientation sexuelle. L’expression de genre, c’est la tolerie et tous les artifices externes sur notre voiture. Le code de la route, ce sont les points 1 et 2 et leurs variantes. En attendant la création et l’indépendance d’un pays entièrement gay (dont on aura vite fait le tour), merci de nous conformer.

On sait que l’on sera des éternelles victimes du délit de faciès et l’intimidation mais avant assurons nous d’éviter de de renforcer les clichés et l’image négative que la société porte sur nous.

Minoritaires mais pas Marginaux!